Un monde en noir et blanc

Un monde en noir et blanc

Il existe deux sortes de personnes dans le monde : ceux qui voient et qui lisent le monde en noir et blanc ; et ceux qui le voient et qui le lisent en infinies nuances de couleurs.

Pour ceux qui voient et lisent le monde en noir et blanc, il existe deux sortes de gens : les cons et les brillantissimes. Et, entre les deux, dans une sorte de limbe, flottent les gens « normaux », les gens comme vous et moi, enfin, comme moi, car j’estime n’être ni con, ni brillantissime.

Mais des cons, des vrais cons, des cons à l’état pur, je n’en ai guère rencontrés. D’ailleurs, qu’est-ce qu’un con ? Comment se différencie-t-il d’un idiot ou d’un salaud ? Il y a notamment parmi eux une sous-catégorie de cons qui se croient très malins et rusés, mais le contraste avec leur vrai niveau d’intelligence en est d’autant plus stupéfiant.  Et puis, parmi eux, il y a bien-sûr le génie stable qui a exercé ses talents de l’autre côté de l’Atlantique, et celui-là est sans doute un champion du monde.

Quant aux brillantissimes, je ne sais vraiment pas de quoi il s’agit. Quelqu’un de brillant doit luire, je suppose.  C’est le bon mot, briller, luire. Mais qu’y a-t-il en deçà de la brillance ? Quelqu’un de brillant maitrise souvent un certain art oratoire et il connait bien son domaine d’activité. Et encore. Et au-delà, qu’y-a-t-il ? Ecoutez-le bien, l’homme brillant ! Mais que d’approximations, que d’erreurs, que de plagiats, que d’extrapolations, que de manipulations… Il faut bien écouter et tenter de comprendre le fond de sa pensée, si fond il y a. Il n’est généralement pas plus intelligent que vous ou moi, il n’a souvent que l’apparence de l’intelligence. Il n’a pour lui que la brillance.

D’ailleurs, qu’est-ce que l’intelligence ? Ce n’est bien-sûr pas le QI, cet outil grossier développé par et pour les esprits occidentaux. Qui oserait affirmer que l’Amérindien qui ne sait ni lire ni compter (car quel besoin pourrait-il avoir de compter au fin fond de la jungle ?) soit moins intelligent qu’un homme du monde moderne ? Je ne suis pas certain qu’entre le génie stable d’outre-Atlantique et l’amérindien analphabète, le plus intelligent soit celui issu du monde développé.

Pour ceux qui voient et qui lisent le monde en noir et blanc, il n’existe donc que deux sortes de personnes, les cons et les brillantissimes et il ne leur faut en général que peu de temps pour les cataloguer : celui-ci est con, celui-là brillantissime. Comment font-ils ? Après avoir vécu tant de décennies, je ne sais toujours pas qui je suis, je ne me connais pas, ou si mal. Alors, comment pourrais-je connaître les autres ? Et les juger ?

Le monde, et c’est heureux, est incomparablement plus riche que ne peut l’être un film en noir et blanc.  Ne le réduisez pas, ne le caricaturez pas, ne le jugez pas, appréciez l’infini de ses nuances, vivez-le…

 

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