Dans la salle à manger m’attendait déjà le couple, un verre à la main, manifestement amoureux et observant, je suppose, comment la lune pleine se reflétait sur l’eau de la piscine. La première à se retourner fut Estelita, la sœur cadette de Carmen. Je sursautai et la surprise se transforma insidieusement en rage. C’est que la femme était vraiment très belle, Sofía et Fanny Vargas ne lui arrivaient pas à la cheville. Tout était parfait en elle, à l’exception de sa minceur, je les aime plus dodues. Sa longue robe noire, fendue jusqu’à la cuisse, laissait entrevoir des délices satinés. Constater qu’une seule femme puisse concentrer tant de beauté me mettait en colère.
Ensuite, ce fut le tour de l’autre imbécile, Juan Andrés. Lui, par contre me rendit jaloux. Il était beau, le salaud, grand et mince avec cette chevelure encore abondante, poivre et sel, bien répartie sur le crâne, qui rend les jeunes femmes hystériques. Il avait un sourire Colgate, blanc à l’excès et il portait un costume du même noir d’ébène que la robe de sa femme. Ils étaient certainement passés souvent sous le bistouri d’un chirurgien esthétique, mais le résultat justifiait l’investissement. Il y a tant d’injustice en ce monde ! Je me sentis plus ladino et plus métis que jamais.